Couples confinés… pour le meilleur et surtout le pire !

Pour les couples fragilisés, pire que la routine : le confinement.

HUIT semaines de HUIS clos, soit d’exacerbation des humeurs (mauvaises) de chacun, des pressions et tensions en tous genres (professionnelles, économiques, familiales, conjugales voire sexuelles). Toutes ces énergies négatives trouvent comme exutoire parfait l’Autre, notre coup de cœur devenu notre souffre-douleur, celui qui partage notre vie pour le meilleur et surtout le pire… Rien d’étonnant alors à cette hausse de 30% de demande de divorce constatée dans les pays ayant amorcé le déconfinement. Un taux qui fait bondir les cœurs, or ce n’est - ou ne devrait - être un secret pour personne :  le confinement fait mauvais ménage avec le couple, covid 19 ou pas. 

Combien de couples volent en éclat à la sortie des vacances d’été, ici un temps choisi, désiré à deux et source, à priori, de toutes les libertés… Pourtant cette bulle au paradis migre parfois en enfer. Alors, aujourd’hui, la mise sous cloche pandémique, subie, frustrante et asphyxiante, fait du couple une cocotte-minute prête à exploser à tout instant. Et à la différence des vacances, l’un sur l’autre 4 semaines durant, là nous en sommes à 8 : double peine ! De quoi brandir les papiers du divorce dès que souffle le premier vent de liberté retrouvée.  

Les angles saillants du Nous sont affutés comme jamais et ses pierres d’achoppement bien déterrées. Au climat extérieur anxiogène s’ajoute le climat confiné explosif. Les problèmes conjugaux désormais tous à la surface, ils ne peuvent plus être ignorés. Comme les eaux usées, après les avoir évacuer brutalement, le temps est venu de les traiter intelligemment, que l’issue soit une épuration réussie du couple ou une élimination nécessaire de la cellule conjugale. 

Avant tout traitement dépolluant, avant de s’attaquer au Mal…

…Au fait, c’est quoi l’Amour ? 

A l’amour, à l’amour…
À l’amour, c’est quand je t’aime
À l’amour, c’est quand tu m’aimes
Sans me le dire
Sans te le dire
À l’amour, à l’amour…
L’amour, c’est quand tu m’aimes
L’amour, c’est quand je t’aime
Sans te le dire
Sans me le dire

Chanson L’amour, l’amour, l’amour, Mouloudji, 1963,

A chacun, sa façon d’aimer… à un instant T

Il existerait autant de définitions de l’amour que d’habitants sur cette terre multipliés par le nombre de jours qui passent ?! Et oui ! L’amour se conjugue au pluriel et se décline à l’infini !!

En demandant à monsieur madame tout le monde de répondre en deux verbes à la question « C’est quoi l’amour ? », on récolte :

« vibrer et rayonner » qui porte un amour passionné davantage tourné vers soi

« construire et sécuriser » qui révèle un amour raisonné, structuré, tourné vers la relation

« encourager et accompagner » qui exprime un amour altruiste, tourné vers l’autre. Mais, en aimant ainsi, aime-t-on sincèrement l’autre ou est-ce une manière de s’aimer à travers l’autre ?

Une certitude : les combinaisons sont mouvantes et multiples selon le partenaire, son âge, ses peurs et envies du moment, son besoin de recevoir et sa capacité à donner. Aussi, l’amour évolue au sein d’un même couple : du soi vers le nous (une fois que j’ai vibré, j’ai besoin de construire), du nous vers l’autre, de la passion à la tendresse, de la complicité vers l’attention, de l’instant incandescent vers le demain planifié. 

L’écueil serait donc de figer sa croyance de l’amour, d’arrêter une définition sans considérer son évolution, celle de ce 1+1 = 3. Si chaque partenaire est une entité en propre, fluctuante dans le temps, la relation aussi. Une équation amoureuse des plus complexes.

Il est par exemple possible de ne plus aimer l’autre pour ce qu’il est, les partenaires ayant pris des chemins éloignés, mais de continuer à aimer la relation. Au contraire, certains peuvent ne plus se nourrir de la relation mais encore de l’autre, en l’admirant ou en trouvant en lui un appui sécurisant. D’autres, aussi, n’aiment plus ni leur partenaire, ni leur couple mais uniquement eux à travers ce tout équilibrant (en terme de confort, de rôle attribué, d’image renvoyée etc.).

De l’amour brûlant au désamour criant

Comment le couple, de ce feu sacré arrive aux braises pour parfois terminer en cendres ? Qu’est ce qui fait que l’un et l’autre en viennent à se parler si mal et si peu ? Là où jadis, aux prémices du 1+1, l’un écoutait les kilomètres de babillage de l’autre, sans perdre une miette de ses mots ni un souffle de ses silences, tous valant de l’or… aujourd’hui, ils sont aussi lourds qu’une chape de plomb. 

Antoinette Liechti Maccarone, psychologue, sexologue et thérapeute de couple Imago, vient nous éclairer en rappelant que l’état amoureux ne dure qu’un temps, en moyenne une belle année. Un état dans lequel chacun se focalise inconsciemment sur les qualités de son partenaire, occultant tous ses défauts, petits comme grands, ceux-là même qui plus tard agaceront tant. Mais pour le moment, selon le vieil adage, l’amour rend aveugle !

Chacun montre le meilleur de soi et ne voit que le meilleur de l’autre car notre cerveau fabrique un cocktail neuro-hormonale où libido et curiosité sont au taquet et amygdale (centre cérébral de contrôle de la peur) anesthésié.

Nos défenses habituelles à terre, on écoute, on explore, 100% orienté positivement vers notre partenaire. Cette sensation d’évidence, de connaitre l’autre depuis toujours disparait dès lors que la relation passe à une étape de stabilisation (emménagement, enfant etc.) Et là, c’est plus comme avant… Progressivement, les défauts apparaissent, les désaccords augmentent et les temps ensemble diminuent.

Chacun se dit, c’est l’autre qui a changé. Mais, en réalité, c’est la biochimie qui est partie. Fini. Plus de soutien à notre exaltation aimante tous chakras ouverts. Le conflit se met alors en place par palier, et l’amour part en fumée.

Ajoutons à cela une overdose de confinement et chez beaucoup, le toit du couple prend feu.

De l’alchimie perdue à l’explosion confinée

Avec le confinement, chacun des partenaires se trouve privé de ses stratégies habituelles de fuite que sont les sorties entre amis, les séances de sport, quelques nocturnes au bureau, voire une relation extra conjugale.

Selon Antoinette Liechti Maccarone, ces recours permettent habituellement de se ventiler, soi mais aussi son couple, car en renouvelant son oxygène, on est plus détendu avec l’autre, dans la relation. Mais, revers de la médaille, ces aérations sont aussi un parfait moyen d’éviter de se parler, s’écouter, se regarder.

Et aujourd’hui, sans l’avoir anticipé, le duo conjugal se retrouve confiné l’un sur l’autre mais plus vraiment dans un nid douillet. Obligé de se parler (trop), de se voir (beaucoup trop) pour ne pas dire de se supporter, chacun est emprisonné à la maison, dans son couple et de surcroit souvent avec des enfants. En prime, sur ce plateau du couple très chargé s’ajoute une multitude de stress : familial, professionnel, de la maladie, du climat pandémique et de l’insécurité économique. Alors, forcément la cocotte-minute conjugale explose à la maison.  

Pour autant, aucune fatalité, le divorce n’est pas forcément la clé de l’équation bilan du couple confiné.  

Les solutions… à doser seul ou ensemble

1. Accordez-lui le bénéfice du doute

Acceptez en cette période de crise sanitaire (avant d’être conjugale) que votre partenaire fait du mieux qu’il peut. Quand il exprime un mal être, quelle que soit la forme d’expression, arrêtez de penser que c’est contre vous, comprenez que c’est pour s’apaiser lui. De la même manière, lorsque qu’un nourrisson pleure, le premier réflexe est de trouver pourquoi et non de le blâmer. De plus, accuser l’autre est une façon de décharger son propre inconfort.

2. Cessez le feu… ouvrez le dialogue !

Mais pas n’importe quand ! Apaisez-vous, vous-même, avant d’amorcer le dialogue avec votre partenaire sinon l’échange basculera vite en ping-pong cumulant les reproches. Puis, choisissez le moment opportun pour vous ouvrir à l’autre, lui parler sans l’agresser et l’écouter sans le juger. Or en ce temps confiné, du temps infini, paradoxalement on en manque terriblement. Entre télétravail, école à la maison, ménage, et cuisine pour tous, les occasions de se poser à deux et rien qu’à deux sont réduites à peau de chagrin. Pourtant, trouvez-le ce temps précieux et nécessaire. Armes déposées, ressortez ensemble la boussole pour tenter de trouver un chemin commun, du moins, déjà, de formuler un « Où va-t-on ? ».

3. Optez pour une communication non violente

Pour renouer un vrai dialogue et dépolluer l’espace de la relation, une des clés est de recourir aux techniques de communication non violente :

Se parler en bannissant toute formulation hostile. 

Selon John M. Gottman, clinicien en psychologie sur la prédiction du divorce et la stabilité conjugale, chaque moment de colère, chaque reproche adressé nécessite d’être compensé par cinq comportements positifs (de gentillesse, de compréhension, d’affection) pour que le cerveau de votre partenaire neutralise l’action hostile, sans même parler de se sentir aimer… (Réf Livre : Les couples heureux ont leurs secrets, de John M. Gottman, Editions Pocket)

Parler en « je », pas en « tu » directionnel, agressif et souvent accablant. 

Faire attention à ce que l’on dit, à ce qui nous est dit, à la façon de le dire et dont c’est dit, afin de respecter l’autre et de nous faire respecter. (Réf Livre L’agression verbale dans le couple, de Patricia Evans, http://www.editions-tredaniel.com/lagression-verbale-dans-le-couple-p-1191.html)

Reformuler avec ses mots ce que l’on a compris de l’autre (après l’avoir écouté sans l’interrompre). Parfois, le fossé est grand entre ce que l’un dit et ce que l’autre en comprend. Alors évitez une incompréhension de plus…

Initier le dialogue d’appréciation 

Cette technique Imago invite les deux partenaires, chacun leur tour, à se rappeler le bon en l’autre, à se reconnecter à ses qualités sans lesquelles on ne l’aurait pas choisi et à le gratifier les yeux dans les yeux « une qualité que je reconnais chez toi c’est… ». Cette formulation adressée suivie de la répétition en miroir par le partenaire récepteur permet à ce dernier de ressentir pleinement cette reconnaissance avec le cœur et non avec le cerveau. (Cf vidéo : Le Super Pouvoir de la relation, d’Antoinette Liechti Maccarone, thérapeute de couple Imago et formatrice.

4. D’autres techniques d’expression non verbale peuvent aussi être consommées sans modération

> Le eye contact : l’amour, le lien, passe aussi (et beaucoup) par le regard, comme en témoigne ce bel exercice amoureux filmé. (Vidéo, https://youtu.be/OS0Tg0IjCp4)

> Les 3 « situations de plaisir » par jour… aussi importantes pour le cœur que les 5 fruits et légumes le sont pour le corps. Il s’agit d’adresser à son partenaire un baiser passionné, un mail gentil ou drôle, un SMS enamouré, un mot doux… Mieux que les célébrations au restaurant ou les cadeaux rituels, selon Peter Fraenken, de l’institut Ackermann pour la famille, ces « situations de plaisir » aident à nourrir l’amour, parfois même à le sauver. 

Se (re)construire en bienveillance

Ensemble, c’est tout ! n’est pas forcément la meilleure option. Se séparer peut s’imposer. Mais cela doit être décidé pour les bonnes raisons et non les mauvaises. Tout comme, rester ensemble. 

Tout d’abord, il est important de prendre conscience que cette période pandémique et cette situation confinée, extra-ordinaires, font ressortir le pire de nous. Attention donc à ne pas prendre de décisions hâtives en pleine crise. Mais se donner un temps de ventilation, de recul post confinement, réinvestir sa vie, se ressourcer soi, s’apaiser, s’aligner avec ses valeurs pour sentir au plus profond de soi ce qui est le mieux… pour soi. 

Puis, se donner le temps et les moyens de renouer avec son partenaire, lui parler, l’écouter, digérer le dialogue et, peut-être celui-ci portera ses fruits…

1. Regardez-vous… pour de vrai !

Et si vous anticipiez les problèmes sans attendre qu’ils ne prennent racine au sein de votre couple ?! On connait suffisamment son partenaire pour sentir les prémices du Mal. Aimer l’autre, c’est aussi y être attentif. C’est relever toutes les petites choses qui sonnent faux tels un oubli fréquent des clés, une maladresse soudaine… autant de micro-signaux du mal être à ne pas laisser s’installer au risque de voir la gangrène s’emparer du couple. 

2. Recréez à deux le cocktail amoureux 

Cela passe par l’apprentissage des langages de l’amour de l’autre, s’interroger sur ce qui lui fait du bien. Mais aussi, comment nourrir la relation différemment ?  

Antoinette Liechti Maccarone alerte sur l’importance du juste dosage à toujours maintenir au sein du couple entre stabilité et nouveauté. La sécurité seule procure une sensation de routine qui éteint la flamme, là où se séduire, se surprendre, la rallume.  

3. Réinvestissez autrement votre sexualité et sensualité

Se retrouver charnellement peut débuter par un simple câlin pour (res)sentir les bras, l’odeur de l’autre, de nouveau.

Il est également important que chacun s’interroge : 

> ce que je fais, et surtout ne fais plus, pour le/la séduire ?

> comment nourrir ensemble l’imaginaire érotique ? Comment me réapproprier mon désir, le réveiller pour m’ouvrir à d’autres sensations ? 

Puis ensemble, réapprendre une sensualité connectée en faisant l’amour autrement. Laisser sa sexualité évoluer vers l’union méditative et aimante de deux énergies complémentaires. 

A titre d’exemples : le tantrisme ou encore les positions où l’on se regarde pour (re)créer le lien. (Réf livre : Slow Sex : Faire l’amour en conscience, de Diana Richardson, éditions Almasta, https://almasta.ch/slow-sex/)


Mais, parfois, après recul personnel et actions communes le schisme conjugal s’impose.

Se séparer sans se détester, c’est possible. C’est même le titre du best-seller de Katherine Woodward Thomas (Editions Leduc. s.). On parle alors de séparation bienveillante… à suivre. 

« Tout couple est un espace de mutations infiniment fécondes. C’est un creuset de changements bouleversants, d’évolutions surprenantes dont aucun des protagonistes ne sort sans cicatrices ni révélations du pire et du meilleur de ses possibles. » (Jacques Salomé, Eloge du couple, Albin Michel)

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