Coronavirus : Comprendre les leviers et dangers des peurs collectives

En quelques mois, le COVID-19, ou Coronavirus, a pris une telle ampleur que tout notre quotidien en est bouleversé. Alors que l’épidémie n’en était qu’à ses balbutiements à Wuhan en décembre 2019, la France est aujourd’hui calfeutrée, tournant au ralenti.

À partir de quel moment la peur a-t-elle envahi les esprits ? Pourquoi certaines personnes sont-elles aussi paniquées face au Coronavirus, tandis que d’autres minimisent son importance ? En quoi les peurs collectives sont-elles dangereuses et surtout, n’ont-elles aucun intérêt ? Explications.

Comment naissent les peurs collectives ?

Depuis la nuit des temps, l’Homme éprouve une angoisse certaine et inconsciente face au devenir de l’humanité. Quelle que soit la civilisation, les hommes ont toujours imaginé la fin du monde. Le mythe de l’Apocalypse n’a pas de frontières et se retrouve aussi bien en Europe avec les Cavaliers de l’Apocalypse que chez les Mayas d’Amérique latine et leur calendrier.

Chaque époque a connu ses dévastations et ses terreurs : la Peste noire, les guerres de religion, la grippe espagnole, la guerre froide, le SIDA, le terrorisme… Et chacune a contribué à renforcer nos angoisses et notre peur irrationnelle de l’avenir.

Le COVID-19 ne fait pas exception. Ses armes ? Sa vitesse de propagation, encore accélérée par la mondialisation, et sa dangerosité létale.

Pourtant, d’un point de vue purement logique, ne devrait-on pas être plus inquiet par rapport à l’alcoolisme au volant, le tabac ou à la malbouffe ? Après tout, les risques d’en mourir sont statistiquement bien plus élevés. Mais à force d’en avoir entendu parler, nous avons fini par minimiser ces derniers. Nous les avons apprivoisés et intégrés comme un danger potentiel de notre quotidien. Et la peur a disparu.

Les peurs collectives trouvent leurs racines dans :

  • la nouveauté ;
  • l’inconnu ;
  • la perte de contrôle ;
  • le sentiment d’impuissance.

Ces quatre critères caractérisent l’épidémie de coronavirus et prennent le pas sur le risque réel que nous courons.

En réalité, les peurs collectives ne se fondent donc pas sur le danger, mais sur la représentation que nous avons de ce danger.

Que disent les peurs collectives de nous ?

Parce qu’elles sont puissamment enracinées dans l’Homme, les peurs collectives sont passionnantes à explorer pour comprendre comment fonctionne notre espèce.

Un besoin irrépressible de sens (et de trouver un bouc émissaire)

L’être humain a un besoin irrésistible de comprendre pourquoi les choses sont telles qu’elles sont : il veut donner du sens à sa vie et à celle de ses semblables. C’est d’ailleurs ce besoin qui a entraîné autant d’hommes à la conquête du monde, autant de scientifiques à la recherche de la vérité sur notre existence.

Avec le Coronavirus, cela se complique. La science n’explique pas encore ses origines et, par conséquent, n’a pas pu trouver de traitement pour l’éradiquer. Pire, on pensait que c’était à cause d’une chauve-souris, puis d’un serpent, mais voilà qu’à présent, on parle du pangolin… L’incertitude règne, mais l’Homme veut des réponses.

Alors, dans sa quête insatiable, certains se tournent vers un Dieu punisseur, d’autres préféreront la théorie du complot. Mais dans tous les cas, il faut trouver le responsable, le bouc émissaire. La « faute à pas de chance », les statistiques, le hasard n’ont pas leur place, car ils nous laissent avec deux critères de la peur collective : la perte de contrôle et le sentiment d’impuissance.

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Un système de pensée réduit par notre vision du monde

Pourquoi certaines personnes estiment-elles que le COVID-19 n’est rien d’autre qu’une grippe à peine moins banale que la grippe saisonnière, alors que d’autres prennent la menace bien plus (trop ?) au sérieux ?

En réalité, le manque d’information (le critère « inconnu » dont nous parlions dans la première partie de cet article) entraîne ce que l’on appelle du savoir profane. Pour calmer ses inquiétudes, l’être humain se sert de ses propres connaissances, de sa propre représentation du monde et de ses préjugés pour créer une réponse. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons (globalement) un avis sur tout alors que nous n’avons clairement pas tous les tenants et aboutissants du sujet en main.

Dans le cas du coronavirus, le degré d’angoisse va varier suivant le prisme de chacun. Et c’est pourquoi certains sont beaucoup plus inquiets que d’autres. Leur vision de la pandémie est bien plus pessimiste.

Les peurs collectives sont-elles dangereuses ?

En tirant les ficelles de notre inconscient, les peurs collectives ont des conséquences redoutables et difficilement contrôlables.

Les dangers de la stigmatisation et des superstitions

Lorsque vous avez appris l’existence du Coronavirus en Chine, vous n’avez probablement pas été inquiet. Vous avez peut-être même ressenti un léger désintérêt. Et c’est tout à fait normal, puisque nous sommes programmés pour être sensibles à ce qui nous est proche.

Mais lorsque la contamination s’est étendue dans l’Empire du Milieu, la stigmatisation des Chinois a commencé. Pour preuve : les restaurants chinois en France ont connu une très forte baisse de leur fréquentation et des remarques blessantes et offensantes ont été rapportées par des concitoyens d’origine asiatique.

Puis, lorsque le COVID-19 est arrivé sur le territoire européen (notamment en Italie), il devint beaucoup plus difficile de déterminer qui était potentiellement porteur. Et la stigmatisation s’est atténuée. En revanche, ce n’est pas systématiquement le cas. Ainsi, les musulmans ou les personnes d’origine maghrébine restent, malgré le temps qui passe, stigmatisés depuis les attaques terroristes du 11 septembre 2001.

Par ailleurs, face à l’incertitude croissante et le danger de mort, la plupart des humains mettent en place des superstitions afin de retrouver un illusoire sentiment de contrôle. Huile de sésame sur tout le corps, cure de vitamine C, port d’un masque sans être malade… Les attitudes étranges se multiplient pour tenter d’éviter la contamination. Sans succès bien évidemment. Mais elles mènent directement au point suivant.

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Fake news, théories du complot et Cie à propos du Coronavirus

Si les superstitions tendent à se transformer en fake news, leur divulgation est en plus accélérée par la toute-puissance des réseaux sociaux et d’Internet. C’est du devoir de chacun de vérifier la source des informations qu’il partage afin de ne pas contribuer à ce déferlement d’explications illogiques et dangereuses. En Iran par exemple, 44 personnes sont décédées après avoir bu de l’alcool frelaté. En cause : une rumeur selon laquelle l’alcool aiderait à guérir du COVID-19.

Si certains avaient déjà sous-entendu que le coronavirus était une arme biologique, inventé de toutes pièces par des laboratoires chinois ou américains, voire par le gouvernement pour faire passer la réforme sur les retraites, les théories du complot semblent s’être aujourd’hui un peu calmées. Pourtant, il ne faut pas oublier à quel point ce genre de déclarations peut être dangereux pour la société. En effet, l’attachement à la vision conspirationniste détruit profondément la confiance et la tolérance entre les uns et les autres.

Les peurs collectives peuvent-elles être positives ?

S’il ne devait y avoir qu’une chose à retenir, c’est bien celle-ci : si la peur collective peut mettre en péril nos sociétés, elle a malgré tout un petit avantage : celui de créer une véritable cohésion.

Rappelez-vous, après les attentats du Bataclan ou de Charlie Hebdo, les Français se sont soudés face à ceux qui espéraient leur faire peur. Les manifestations, mais aussi les sorties toujours plus nombreuses en terrasse ou dans les concerts, étaient une espèce de pied de nez aux terroristes qui dénonçaient et combattaient notre mode de vie.

Mais la cohésion a une forte tendance à unir un groupe face à un autre : l’ennemi commun. Et le risque de stigmatisation n’est pas loin.

Aujourd’hui, le Coronavirus est en France et afin de protéger les personnes les plus fragiles et d’entraver son expansion, il est important de respecter les règles de base de sécurité. Mais nous devons également tirer parti de cette crise sanitaire et traverser cette période difficile en faisant preuve de cohésion et de solidarité.

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